Une solution longtemps sous-estimée
En matière de placements financiers pour anticiper ses vieux jours, les ETF et les crypto-actifs dominent le paysage médiatique, reléguant les produits traditionnels comme les rentes viagères au second plan. Pourtant, avec l'évolution récente de la fiscalité, ces placements retrouvent une place de choix dans une stratégie de planification financière.
Comprendre le fonctionnement des rentes viagères
Une rente viagère est un contrat d'assurance qui permet de transformer un capital en un revenu garanti à vie. L'assureur verse une rente périodique jusqu'au décès du bénéficiaire, offrant ainsi une protection contre le risque de longévité. L'avantage principal de ce produit réside dans la sécurité qu'il procure en garantissant un revenu stable tout au long de la retraite.
Jusqu'à présent, la fiscalité des rentes viagères était relativement dissuasive, avec 40 % de la rente imposée comme revenu. Toutefois, la Loi Fédérale sur l'Impôt Direct (LFID) a introduit un nouveau mode de calcul, qui ajuste chaque année la part imposable des rentes viagères en fonction d'un rendement défini par la FINMA.
Un tournant fiscal en 2025
À partir du 1er janvier 2025, la part du revenu imposable d'une rente viagère est réduite à 4 % pour les contrats souscrits cette année, contre 40 % auparavant. Cette part restera fixe pendant toute la durée du contrat, ce qui améliore considérablement l'attrait fiscal de ce produit. Toutefois, les parts excédentaires de la rente (c'est-à-dire la portion dépassant le capital amorti et le rendement standard) restent imposées à hauteur de 70 %.
Exemple concret : Prenons une rente viagère de 20 000 CHF par an avec un taux d'imposition de 30 %.
- Avant 2025 : 40 % de 20 000 CHF, soit 8 000 CHF, étaient imposables. Avec un taux de 30 %, l'impôt annuel s'élevait à 2 400 CHF.
- Dès 2025 : Seuls 4 % de 20 000 CHF, soit 800 CHF, seront imposables. Avec un taux de 30 %, l'impôt annuel sera de seulement 240 CHF.

Illustration graphique de la charge fiscale cumulée : Le graphique ci-dessous met en évidence la charge fiscale cumulée sur 20 ans selon l'ancien et le nouveau régime. On constate une réduction significative de l'imposition avec la réforme de 2025, générant une économie substantielle pour les bénéficiaires de rentes viagères.
Une stratégie fiscale intéressante
Traditionnellement, les investisseurs cherchent à constituer un capital, puis à le placer sur les marchés financiers afin de générer des revenus, eux-mêmes soumis à l'impôt. Avec la nouvelle fiscalité des rentes viagères, une alternative mérite d'être envisagée :
- Optimisation à l'entrée : Dans certains cantons, comme Genève, les primes versées pour une rente viagère dans le cadre du pilier 3b peuvent être déduites fiscalement, de manière similaire au pilier 3a.
- Optimisation à la sortie : La rente est faiblement imposée (4 % du revenu taxable en 2025), offrant un avantage fiscal considérable par rapport à d'autres sources de revenus financiers.
- Un revenu garanti à vie : Contrairement aux placements en bourse, la rente viagère assure un flux de revenus stable, sans risque lié à la volatilité des marchés.
Un produit à considérer au cas par cas
Bien que la rente viagère bénéficie désormais d'un cadre fiscal plus favorable, elle reste un produit complexe, dont les caractéristiques varient selon les compagnies d'assurance. Son adéquation dépend des objectifs financiers, de la situation patrimoniale de chacun et surtout de la sensibilité personnelle, le risque perçu étant une dimension subjective.
Longtemps négligée, elle retrouve aujourd'hui une pertinence nouvelle, mais elle ne constitue pas une solution universelle. Son intégration dans une stratégie de planification financière doit être réfléchie en tenant compte du patrimoine global, des besoins en liquidité et de divers scénarios possibles. Pour une planification financière réussie, il est primordial de faire appel à un professionnel afin d'analyser ces différents scénarios et s'assurer que la rente viagère est adaptée à votre situation spécifique.
Raphaël Jordi, B.Sc. Econ.