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Portefeuille 60/40 : un équilibre à nuancer selon le régime économique

Portefeuille 60/40 : un équilibre à nuancer selon le régime économique

Le fameux portefeuille 60/40 (60 % actions, 40 % obligations), reste une référence dans le monde de l’investissement. Pourtant, son rôle protecteur n’est pas garanti dans tous les contextes. Tout dépend du type de choc économique et du niveau des taux d’intérêt au moment de l’investissement.

Le principe du 60/40

Le portefeuille dit « équilibré », composé traditionnellement de 60 % d’actions et 40 % d’obligations, a longtemps été présenté comme la formule de référence pour allier performance et sécurité. L’idée est simple : les actions assurent la croissance à long terme tandis que les obligations jouent le rôle d’amortisseur lors des crises. Mais cette mécanique dépend en réalité du régime économique et de la nature des chocs que subissent les marchés.

Le choc de demande

Lors d’un choc de demande, typiquement une récession, une crise financière ou un événement brutal qui entraîne une chute de la consommation et de l’investissement, les actions corrigent fortement. Dans ce contexte, les banques centrales réagissent en abaissant leurs taux et les obligations d’État s’apprécient. On observe alors une corrélation négative entre actions et obligations, et le portefeuille équilibré fonctionne comme prévu : les gains obligataires compensent les pertes sur actions.

En cas de choc de demande, actions et obligations évoluent en sens inverse, ce qui crée une véritable protection. Mais en cas de choc d’offre, elles chutent ensemble et le rôle défensif des obligations disparaît.

Le choc d’offre

Lors d’un choc d’offre, comme une flambée des prix de l’énergie, un conflit géopolitique, une catastrophe naturelle perturbant la production ou créant une poussée d’inflation, la mécanique se retourne. Dans ce cas, la hausse des taux d’intérêt entraîne une baisse simultanée des actions et des obligations. La corrélation redevient positive et la protection du 40 % obligataire disparaît. Autrement dit, les obligations ne jouent plus leur rôle de coussin.

Le rendement dépend du taux d’entrée

À cela s’ajoute un élément essentiel souvent sous-estimé : le rendement futur d’une obligation est quasi intégralement déterminé par le niveau de taux au moment de l’achat. Les données historiques montrent une corrélation de près de 89 % entre le rendement total sur 10 ans et le taux d’entrée.

Plus le taux obligataire au moment de l’achat est élevé, plus le rendement futur sur dix ans est important. À l’inverse, si l’on entre à des taux très bas, le potentiel est limité, voire compromis.

Le 60/40 n’est pas mort, mais doit évoluer

Le portefeuille 60/40 n’est donc pas mort, mais il ne doit plus être considéré comme une garantie de protection. Son véritable intérêt réside dans l’équilibre entre actifs de croissance et actifs défensifs, mais la définition de ce qui constitue une poche défensive doit évoluer.

À côté des obligations, d’autres classes d’actifs comme l’immobilier, certaines matières premières ou même du cash rémunéré peuvent compléter efficacement cette fonction amortisseur. Ainsi, le principe d’une diversification 60 % actions et 40 % défensifs reste pertinent, mais il doit être adapté aux réalités économiques actuelles et aux scénarios de crise auxquels les investisseurs seront confrontés.

Le regard d’expert

Il est regrettable de constater qu’aujourd’hui, la plupart des établissements financiers n’ont que très peu fait évoluer leur offre et demeurent ancrés dans des approches traditionnalistes. Cette inertie tient sans doute à un effet marketing : innover comporte le risque de déstabiliser une clientèle habituée à des produits standardisés. Pourtant, une chose est certaine : il devient de plus en plus pertinent de privilégier une approche sur mesure. On ne peut plus attendre à la fois performance et sécurité de solutions « toutes faites » proposées par les banques.

Raphaël JordiB.Sc. Écon. — Planificateur Financier Dipl. IAF  

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